L’étang de 1985 à ……..
Avant propos
Ce document n’a pas la prétention d’être un ouvrage scientifique, sa vocation est de raconter simplement le vécu de l’étang.
Le document n’est pas figé et nous pouvons sans problème incorporer des informations qui nous seront communiquées par les lecteurs.
Pour les informations plus scientifiques l’APEC possède les documents suivants :
- Observation et études de l’étang de Cessy David Baldry
Premier rapport décembre 1995
Deuxième rapport octobre 1996
Troisième rapport juillet 1998
Quatrième rapport mars 2000
- Statut biologique de l’Oudar
D. Baldry (en anglais) mai 1997
- Etude sur l’épidémie des poissons chats (en anglais)
D.Baldry et Laboratoire départemental du Jura printemps 2000
- Dossier de demande de régularisation de l’enclos piscicole à vocation touristique de Cessy
IRAP (sur base des documents et des informations de l’APEC), interprétation libre ! janvier 2006
- Etude des écrevisses dans l’étang de Cessy et dans l’Oudar au pont de Mourex
Résumé de l’étude menée en 2006 David Baldry, Williame Coosemans
- Etude de l’écrevisse américaine D.Baldry (disponible sur le site : rubrique écrevisse)
1. Objectif, l’étang, les techniques, quelques observations initiales juin 2007
2. Observation d’O.limnosus à de faibles températures septembre 20073. Le cycle reproductif d’O. limosus
1. Avant 1985
2. Les travaux
5. Les poissons, la pêche, la gestion
8. Deux problèmes
8.2 Les espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques
A l’est de son territoire, à la limite des communes de Sauverny, de Versonnex et de Grilly, la commune de Cessy est propriétaire d’un vaste ensemble de parcelles de marais, de prairies et de forêts. Sur une partie de ce territoire se trouve la décharge municipale. L’accès à cette zone s’effectue par la route départementale entre Cessy et Sauverny, puis par un chemin agricole non goudronné, le chemin des Marais, entre le lieu-dit le Chemin Levé sur la commune de Versonnex et Tutegny, hameau de la commune de Cessy. L’eau des marais s'écoule dans le ruisseau des Marais qui traverse le Chemin des Marais sous un ancien pont en pierre. Le ruisseau des Marais est un affluent de l’Oudar.
Dès 1985 sur l’emplacement du grand marais la commune de Cessy, a testé la possibilité d’y creuser un étang. Ces tests ont consisté à creuser de grandes excavations dans le but de voir si, sur plusieurs années, le niveau d’eau restait compatible avec l’implantation d’un étang. Les tests donnèrent satisfaction et entre 1989 et 1990 l’étang a été creusé. Les berges ont été engazonnées, un sentier piétonnier en fait le tour. A l’est un pont en bois a été construit pour permettre de franchir la zone de l’étang connectée au marais. Directement en aval du pont en pierre, dans un ouvrage bétonné des grilles empêchent la libre circulation des poissons avec l’Oudar et un système de vanne permet la régulation du niveau de l’eau dans l’étang. Dans le même temps, l’ancienne décharge municipale a été dépolluée, assainie, comblée avec les matériaux de terrassement et engazonnée. Une zone de parking a également été créée. Sur l’emplacement de l’ancienne décharge et dans le bois attenant, deux zones vallonnées, un parcours de santé a été créé. Trois espaces barbecues avec foyers tables et bancs ont été aménagés. Ces espaces et l’étang forment ainsi un magnifique ensemble touristique, d’environ 12 hectares, très attractif pour les habitants de Cessy et de la région.
Plus tard, sur le ruisseau des Marais à environ 50 mètres en aval du système de vannes, afin d’améliorer le système de non dévalaison des poissons vers l’Oudar, l’APEC a construit un barrage.
En 2003, un pont en fer a remplacé le pont en bois devenu vétuste et dangereux
Le sentier qui borde la berge sud, du fait de la proximité de résurgences s’est progressivement enfoncé et à chaque épisode pluvieux un peu soutenu le chemin était inondé empêchant le passage des promeneurs. Pour remédier à cela, en 2004, le sentier a été relevé, les berges ont été consolidées par un enrochement et la zone de résurgence a été reliée à l’étang par une conduite en béton. La même année, toujours sur la berge sud, à proximité du chemin des Marais, un poste de pêche pour handipêcheurs a été aménagé
Le sentier piétonnier a été profilé pour permettre l’accès en fauteuil roulant et le long du chemin des Marais une place de parking réservée aux personnes handicapées a été aménagée. (plus de détails sur le site rubrique handipêche)
Situé à mi-chemin entre les montagnes du Jura et le lac Léman l’étang est logé dans une dépression qui s’incline vers le sud-ouest. Les coordonnées géographiques de l’île qui se trouve en son milieu sont : la latitude 46° 18’ 50 Nord, la longitude E 6° 05’ 45 Est. L’altitude du niveau de l’eau est de 500 mètres.
L’étang d’une superficie de 2,26 hectares a une profondeur moyenne de 2 mètres. Il est alimenté par l’affleurement de la nappe phréatique, par un ruisseau relié à un petit marais situé au nord et un fossé de captage creusé dans ce qui reste du grand marais où l’étang a été creusé. Le trop-plein s’écoule à travers les grilles dans le ruisseau des Marais affluent de l’Oudar, qui se jette dans la Versoix, deux rivières de première catégorie.
Filtre à poissons
Dès la création de l’amicale des pêcheurs, en accord avec les autorités de la pêche, l’étang a été géré, comme une eau libre de deuxième catégorie. Cependant en 2005 les responsables de la pêche à la préfecture nous informent que l’étang, du fait de sa liaison avec une rivière de première catégorie, est lui-même classé en première catégorie, de plus rien n’indique à la préfecture qu’il a une existence légale. Pour régulariser la situation de l’étang et pour continuer à y pratiquer l’activité pêche telle qu’elle l’a été depuis 1995, la préfecture nous propose de demander pour l’étang le classement en «enclos piscicole à valorisation touristique ». Dès ce moment en accord avec la mairie, avec comme partenaire la société IRAP d’Annecy un dossier est monté et soumis début 2006 aux responsables de la préfecture. Il sera mis à l’étude et accepté fin décembre 2006 et en février 2007 nous recevons l’arrêté préfectoral qui entérine notre demande. En conséquence l’existence de l’étang est légalisée et les règles de la pêche ne sont plus celles de la Fédération Nationale de la Pêche mais celle du propriétaire et du gestionnaire de l’étang c’est-à-dire la Mairie de Cessy et l’APEC. L’arrêté stipule qu’il faut renforcer le dispositif de non circulation des poissons en installant un filtre à poisson dans le ruisseau des Marais directement en aval des vannes. Pour réaliser ce filtre, le ruisseau des Marais sera comblé sur environ 6m. par des galets de 20 cm., ils seront déposés contre le côté amont du barrage.
5. Les poissons, la pêche, la gestion (Voir faune et flore sur le site)
Une année après la mise en eau, en 1991, la commune a procédé à un alevinage, en poissons blancs (gardons, rotengles, tanches, carpes) et en carnassiers (brochets, perches).
En juin 1995, sous l'insistance de quelques pêcheurs de la commune, dans le but d’étudier la possibilité d’autoriser la pêche à l’étang, la municipalité organise une réunion où sont convoqués des conseillers municipaux, des pêcheurs de Cessy et le président de l’AAPPMA de Divonne. En septembre 1995 la mairie organise une partie de pêche pour les pêcheurs de Cessy et finalement elle donne l'autorisation de pratiquer la pêche dans l’étang. Pour gérer cette nouvelle activité dans la commune, à la demande de monsieur le Maire, l’association « Amicale des Pêcheurs de l’Etang de Cessy est créée. Association régie selon la loi de 1901 les statuts sont déposés en sous préfecture de Gex fin septembre 1995 et un premier règlement intérieur est défini. Le but de l’association est l’organisation de la pêche dans l’étang et la gestion de celui-ci sur le plan piscicole. Dans un premier temps, à la demande des autorités municipales, dans un le but d’observer le fonctionnement de cette nouvelle activité dans le village, seulement les pêcheurs résidents à Cessy sont autorisés à devenir membre de l’amicale. Etant donné la bonne gestion de l’amicale et l’impacte plutôt favorable de la présence des pêcheurs sur le site, la situation va, au fil des années évoluer progressivement. Dans un premier temps des cartes d’invitations sont délivrées plus tard les noms résidents sont autorisés mais en nombre limité et finalement, avec l’accord des autorités municipales, les pêcheurs noms résidents sont admis sans restrictions à intégrer l’amicale.
Dès septembre 1995 a débuté une observation régulière sur la qualité de l’eau, sur la flore et la faune aquatique. En mars 1996, la mairie alevine pour la deuxième et dernière fois. Dès lors c’est l’APEC qui prend à sa charge l’alevinage et l’étang sera régulièrement empoissonné en brochet, carpes, rotengles, tanches et gardons.
Deux fois par an, en mars et en octobre, l’APEC, en collaboration avec les employés municipaux, procède à l’entretien de l’étang et des berges. (Bûcheronnage, fauchage, faucardage, ramassage des détritus).
Iris jaune
Nymphéa
En 1996 les berges ont été ensemencées avec des graines d’iris jaune. C’est une plante protégée, en régression significative en Europe depuis 1950. Elle a un effet bénéfique sur l’environnement en éliminant, par l’action de ses racines, les pesticides et herbicides qui s'accumulent dans le sol.En 1996 les poissons-chats ont envahi l’étang et dans le but d’enrayer la prolifération, un piégeage au moyen de nasses a été entrepris mais sans résultat sensible et finalement abandonné au bout de trois ans. Toutefois la lutte contre l’envahisseur a continué en éliminant les bancs d’alevins au moyen d’épuisettes à fines mailles. A la même époque, la perche soleil est apparue, elle est une proie pour le brochet qui apparemment régularise sa population.
En 1999, des nénuphars (nymphéa) en provenance d’un bassin de jardin privé ont été implantés en trois endroits.
Au printemps 2000, on observe une forte mortalité de poissons chats. Une enquête menée en collaboration avec le laboratoire départemental du Jura à Lons-le-Saunier et le laboratoire universitaire vétérinaire de Lyon a immédiatement débuté. La cause du phénomène est due à un virus. Ce virus inconnu est probablement spécifique aux poissons-chats et sans incidence sur la santé des autres espèces. A ce jour, les laboratoires ne nous ont toujours pas fourni les résultats définitifs des études. Toutefois le phénomène ne s’est pas reproduit.
En début de saison 2001 ce sont les carpes qui sont atteintes. La raison n’est pas bien définie. On sait que les carpes sont porteuses d’un virus que l’on appelle « le virus de printemps ». Ce virus devient actif et fait mourir les carpes si elles sont affaiblies. Le phénomène a duré un mois et nous avons dénombré environ 60 cadavres. Quelques carpes étaient des poissons d’un alevinage récent, probablement fatiguées par le voyage et mal acclimatés, mais il y avait une majorité de grosses carpes habituées de l’étang, certaines étaient des femelles porteuses d’oeufs.
En octobre 2001, lors d’un entretien de l’étang, dans les herbes aquatiques arrachées au fond de l’étang, des juvéniles d’écrevisses, difficilement identifiables, ont été découverts en grand nombre. Deux années plus tard en 2003 les pêcheurs commencent à prendre des écrevisses adultes cette fois identifiées comme l’écrevisse américaine, Orconectes limosus. En 2006 l’APEC décide d’entreprendre une étude sur les écrevisses de l’étang les premiers résultats seront publiés en 2007.
6. Les oiseaux aquatiques. (Voir faune et flore sur le site)
Depuis la mise en eau des couples de canards colverts et de foulques sont présents sur l’étang et s’y reproduisent. Deux couples de canards domestiques blancs en provenance d’Alsace ont été introduits en 1991. Ceux-ci se sont bien acclimatés et leurs descendants se sont accouplés avec les canards colvert pour former des hybrides. Ces oiseaux sont sédentaires. Pendant la période des migrations plusieurs dizaines de colverts ainsi que quelques couples de harles se posent régulièrement sur l’étang pour des séjours plus ou moins longs. Pendant cette période nous avons pu observer une année un couple d’oies brunes et très souvent un couple de grandes aigrettes. Des cormorans font de temps à autre une brève apparition. Ces trois dernières années, pendant la période estivale, un canard carolin et plus récemment un barbarie ont rejoint les colverts. Le héron et le martin-pêcheur sont présents toute l’année.
7. La flore du bord de l’eau. (Voir faune et flore sur le site)
L’étang étant creusé à l’emplacement d’un marais, tout naturellement la flore caractéristique de ce biotope est très rapidement réapparu sur les berges. D’après les spécialistes cette flore est très riche, plusieurs dizaines d’espèces sont présentes. Voici en photos quelques plantes autres que l’iris et les nénuphars déjà cités :
Massette
Roseau
Solidago
Menthe
Rubanier
Jonc
ulne glutineux (verne)
Saule
Contrairement à ce que l’on pense généralement : nourrir les canards et les poissons avec du pain n'est pas une bonne action. Le déversement inconsidéré de pain est une menace pour la santé des poissons et des oiseaux aquatiques. Il y a un grand risque de voir la qualité de l’eau de l’étang et du ruisseau aval se dégrader dangereusement.
Si la quantité de pain jetée est trop importante, ou si les morceaux sont trop gros, le pain va couler au fond de l'eau avant même que les poissons ou les oiseaux ne le consomment. Le pain qui repose alors au fond de l'eau commence à se décomposer, les bactéries qui contribuent à la décomposition du pain vont se reproduire en consommant une grande quantité d'oxygène contenue dans l'eau. Cet oxygène est indispensable pour les poissons et les nombreux invertébrés qui peuplent l'étang. Les invertébrés, qui constituent la base normale de l'alimentation des poissons, vont progressivement disparaître et les poissons ne trouveront plus la nourriture indispensable à leur survie. La disparition de l’oxygène dissout va également accélérer l’eutrophisation de l’étang. Le phénomène de décomposition peut contribuer au développement d’une bactérie responsable du botulisme, la même bactérie qui tue les oiseaux d'eau. En voulant nourrir les canards, nous risquons de les tuer.
Respectons les canards, l’eau de l’étang, les poissons. Ne nourrissons plus les canards.
8.2 Les espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques
En ce qui concerne l’étang de Cessy, les espèces largement implantées sont : la tortue de Floride, le poisson chat, la perche soleil et l’écrevisse américaine. La loi interdit l’introduction de ces espèces en milieu aquatique, elle interdit le transport de spécimens vivants, elle interdit l’utilisation comme appât pour la pêche. En cas de capture il est interdit de les remettre à l’eau et il y a obligation de les détruire. En dehors de ces espèces, en 2001, un poisson exotique à été découvert mort. (Voir Anecdote page 12). Ce poisson a probablement vécu plusieurs années dans l’étang puisque plusieurs promeneurs et pêcheurs l’on aperçu et pensé voire un silure. Plus récemment en 2006 et en janvier 2007 cinq poissons chats sud américains de la famille des locariidae (photo ci contre) ont été découverts morts. La loi interdit toute introduction d’espèces non déjà présentes dans le milieu sans autorisation des autorités de la pêche.
Ces actes sont punis d’une amende de 9000€ pour une action de jour et du double pour une action de nuit.
Si l’espèce introduite n’a pas de prédateur et si le biotope est favorable il suffit de quelques couples d’adultes pour obtenir rapidement une prolifération au détriment des espèces présentes. Les espèces déversées peuvent être porteuses saines de maladies qui peuvent décimer la faune locale.
L’origine de la présence de ces espèces dans l’étang n’est pas toujours évidente. En dehors d’une origine naturelle il existe plusieurs autres hypothèses. Celle-ci sont dues directement ou indirectement, en toute ignorance de la loi, à une intervention humaine :
1 - Le déversement par des aquariophiles et de personnes possédant un bassin de jardin
2 - La présence dans les lots d’alevinage en provenance des piscicultures.
3 - L’utilisation comme appât par les pêcheurs.
4 - Le déversement par des personnes malveillantes.
5 - Le déversement par des personnes pensant ainsi accroître la diversité de la faune de l’étang.
Pour la tortue de Floride il n’y a aucun doute la présence sur le site est due à une action humaine (hypothèses 1, 4, 5). Cette tortue d’eau a été introduite massivement en Europe à partir des années 1970 sous forme de juvénile, petite tortue verte grande comme une pièce de deux euros qui une fois adulte fait 20 cm. de diamètre pour un poids de 1,5kg., devenue trop encombrante, elle est le plus souvent rejetée dans la nature à proximité d’une rivière ou d’un lac. Apparemment elle ne se reproduit pas en Europe, pas encore ! Très agressive elle peut occuper le territoire de la cistude, la tortue européenne. La vente sous forme juvénile est maintenant interdite. Il arrive qu’elle morde aux appâts pour la carpe, si elle est capturée elle est détruite.
Il est souvent rapporté que les oiseaux aquatiques transportent les œufs des poissons dans leurs plumes. Effectivement, les œufs de certaines espèces de poissons, entre autres les gardons et les perches, sont flottants ou accrochés dans les herbes aquatiques. Dans ces conditions les œufs peuvent s’accrocher aux plumes et être transportés dans un autre milieu. Pour le poisson chat et la perche soleil ce n’est pas le cas ; ces deux espèces maintiennent les œufs dans un nid sur le fond de l’étang. Ce nid est gardé en permanence par les adultes qui chassent les intrus. L’accrochage dans les plumes d’un oiseau aquatique est très peu probable. Il y a donc de grandes chances pour que leur présence dans l’étang soit due à une intervention humaine (hypothèses 1, 2, 3, 4, 5). Comme prévu par la loi quand ils sont capturés les poissons-chats et les perches soleil sont détruits.
L’écrevisse américaine (Orconectes Limosus) est présente dans le lac Léman et il n’est pas impossible qu’elle soit parvenue jusqu’à l’étang en colonisant la Versoix, l’Oudard et le ruisseau des Marais. Peut-être était elle présente dans le ruisseau des Marais avant le creusement de l’étang. L’intervention humaine (hypothése1,2,3,4,5) reste pour l’instant l’hypothèse la plus probable. Une étude approfondie est menée depuis le printemps 2006, elle devrait nous apporter plus d’informations sur sa provenance et répondre à la question : quel est l’impacte de l’écrevisse américaine sur le biotope de l’étang. Comme pour les autres espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques quand elle est capturée l’écrevisse américaine doit être détruite.
W. Coosemans